
Que représente ce projet pour vos communes?
Olivier Turin: Tout d’abord la sécurité. Un autre grand avantage est le gain de temps qui rendra le transport plus efficace pour les usagers. Mais ce projet est surtout une immense opportunité de pouvoir redessiner les contours du village de Collombey. La suppression des voies de l’AOMC de la route cantonale permettra de requalifier cet axe qui représente aujourd’hui une césure. Le but est d’en faire un trait d’union. Différents modes de transports pourront s’y côtoyer et le trafic motorisé pourra y être régulé et sécurisé.
Stéphane Coppey: La sécurité est le moteur de départ de ce projet. Pour rappel, c’est l’Office fédéral des transports (OFT) qui a imposé au Transports publics du Chablais (TPC) la sécurisation de ce tronçon. Le tracé aurait pu rester le même, moyennant cependant des contraintes parfois très lourdes, mais l’option a été prise d’avoir une réflexion beaucoup plus large et de redéfinir le tracé sur l’ensemble de nos deux communes. Monthey et Collombey-Muraz ne sont pas sur la ligne du Simplon et en souffrent quelque peu. Un parcours plus rapide, avec des cadences au quart d’heure, fera de l’AOMC une sorte de RER Monthey-Aigle. Une nécessité pour nos communes qui ensemble représenteront bientôt près de 30’000 habitants.
Quels sont les principaux enjeux liés à la mobilité aujourd’hui?
S.C.: Nous devons proposer à la population des transports publics de qualité. A un moment donné, on peut construire toutes les routes que l’on veut, cela ne va pas régler le problème des bouchons aux entrées de villes aux heures de pointe. Mais pour que les gens utilisent les transports publics, ils doivent être efficaces. Le projet AOMC s’inscrit pleinement dans cette réflexion.
O.T.: Nous n’avons en effet pas le choix de nous orienter vers les transports publics. Dans leur planification, nos deux communes donnent d’ailleurs déjà la priorité au développement des transports publics et de la mobilité douce plutôt qu’au transport individuel motorisé.

« Il s’agit d’une immense opportunité de redessiner le visage de Collombey. »
Olivier Turin, Président de Collombey-Muraz
La mobilité douce justement, quelle place prend-elle dans vos communes?
O.T.: La commune de Collombey-Muraz met l’accent sur la mobilité douce depuis plusieurs années déjà. Nous travaillons sur des cheminements en ligne directe avec les autres communes de plaine. Le déplacement de la voie AOMC nous permet de réfléchir aux différentes connectivités avec la route cantonale et les grands axes transversaux.
S.C.: La réflexion sur la mobilité douce doit se faire de manière régionale, encore plus fortement entre Monthey et Collombey-Muraz. Qu’il s’agisse de la route cantonale ou de la voie qui longe les CFF, nos deux communes étudient ensemble ces questions.
Quels échos ont ces initiatives dans la population?
S.C.: Les aménagements en faveur de la mobilité douce sont toujours appréciés par la population qui souhaite des axes sécurisés, en site propre. Concernant les transports publics, l’idée doit encore faire son chemin, les gens délaisseront leur véhicule privé uniquement s’ils disposent de transports publics efficaces.
O.T.: Nos deux communes deviennent des pôles urbains et cela conduit à changer les habitudes de la population avec le développement d’une autre perception de la mobilité. Nous sommes dans une vraie mutation.
Quelles seront les conséquences du nouveau tracé AOMC pour le centre du village de Collombey-Muraz, pour lequel un projet de réaménagement a été refusé par la population l’an dernier.
O.T.: La requalification de la route cantonale permettra de faire émerger un nouveau projet pour le centre du village. Mais le déplacement de la ligne AOMC va aussi redéfinir les centralités. Le quartier du Corbier, où se trouvera la nouvelle gare, constitue un vrai pôle de développement, avec des bâtiments à vocation publique et culturelle.

« L’AOMC va devenir un RER entre Aigle et Monthey »
Stéphane Coppey, Président de Monthey
Que deviendra la gare du centre-ville de Monthey, qui sera supprimée?
S.C.: Cet endroit restera un lieu fort pour les transports publics puisque l’arrêt de bus restera. Une liaison avec la gare CFF avec une cadence au quart d’heure est déjà été mise en place. Réunir trains, bus et taxis à l’emplacement actuel de la gare CFF a l’avantage de créer un vrai hub de transports publics à proximité du quartier sous gare, qui a connu un fort développement ces dernières années et où se concentrent de nombreuses places de travail.